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On peut se demander si la littérature et le futur ont un langage commun et quel langage, mais s'agissant de la mémoire ou du passé, la même question semble admissible quand il faut oublier, coûte que coûte, et que tout a été fait par l'histoire, pour que peu de traces subsistent aux exactions commises par une civilisation fondée sur le christianisme. Une civilisation qui a pris la parole d'un dieu de paix et de fraternité comme symbole de l'expansion coloniale. Aujourd'hui, de nombreux peuples se cherchent parce qu'ils ignorent presque tout de leur propre identité culturelle. Ce roman fouille au plus profond de la mémoire collective de la France et des Caraïbes, depuis le début de la colonisation de l'île de la Martinique, appelée Jonnacaira par les premiers habitants de ce bout du monde américain, les Kalinagos. Un roman qui joue de la fiction pour raconter la fin d'un peuple fier et dominateur, très différent de ce qu'en disait le Père Labat et bien d'autres historiens au service d'une idéologie dominatrice, quasi-exterminatrice. Il faut bien dire ce qui a été, les Amérindiens de Madinina ont subi un quasi-génocide par le fait militaire français, il y a déjà plus de trois siècles, avant que l'esclavage ne s'implante définitivement. Des femmes et des hommes ont vécu cette tragédie que le roman retrace avec des accents qui facilitent la fiction littéraire. Une démarche presque sociologique introduit le lecteur dans la vie quotidienne, il y a trois siècles. Des vérités historiques sont mises à l'épreuve de l'écriture littéraire, comme si leur contradiction devait servir la bonne cause d'aujourd'hui.
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