Cet ouvrage propose un modèle d'aménagement linguistique qui peut accompagner et soutenir les ex-colonies dans leur lutte pour sortir du sous-développement. En Afrique subsaharienne, les pays anciennement colonisés, confrontés au problème du sous-développement, ont en effet élaboré des plans stratégiques pour atteindre un seuil de développement acceptable. Mais ces plans, pour la plupart, éludent la question linguistique. En partant de l'idée qu'elle doit être intégrée dans l'élaboration des politiques économiques, nous montrons en quoi une politique linguistique qui associe les langues coloniales (nationalisées) et les langues nationales est la seule capable de soutenir le développement autocentré. Il est important, pour l'élite qui pense le développement, de communiquer efficacement avec les masses chargées de le mettre en oeuvre. Les masses, elles, doivent acquérir les savoirs pratiques nécessaires à la production, à la transformation, au vivre ensemble. Cela passe par l'institution d'une communauté de communication nécessaire au progrès de la démocratie, à la sauvegarde de la paix sociale, à la préservation des langues et des cultures endogènes, au renforcement de l'intégration nationale, à l'amélioration des performances du système éducatif. Notre réflexion prend pour prétexte le Cameroun, pays plurilingue et multiethnique, qui a connu trois modèles coloniaux, de même que des tendances assimilationistes liées à la religion : l'islamisation et la christianisation. Elle peut inspirer d'autres ex-colonies dans la mesure où, dans ces pays, les mêmes problèmes menacent la cohésion au plan intra-étatique et entravent les efforts de développement.