Manger pour se définir

Comment vivre rasta dans une « Babylone » moderne comme Londres, aux prises avec les questionnements identitaires d’une société globalisée ?
À l’ère du panafricanisme, comment concilier le message d’émancipation, d’africanité et de résistance propre au mouvement rastafari avec les contraintes d’une « ville globale » cosmopolite, où les frontières du Soi ne cessent d’être redessinées par cette cohabitation avec l’Autre ? Et si c’était à la pointe de la fourchette ?
Plus qu’une réponse aux besoins physiologiques, on sait que l’alimentation est le réceptacle de nombreux symboles et représentations culturels que nous ingérons à chaque bouchée. Cette première étude ethnographique de l’alimentation « ital » rastafari plonge dans les pratiques et les croyances de plusieurs rastas rencontrés sur place (Brixton). On y découvre comment chaque assiette est un espace rempli d’enjeux, où métissages et altérisation culinaire - et donc culturels - se mêlent ; où mémoires et stigmates de l’héritage colonial s’y décèlent.
Les divers portraits de ce livre nous montrent comment, au moyen d’une liberté individuelle inhérente au mouvement rastafari, tout un chacun reste libre de bricoler sa propre « ital food de réparation », au cœur même de Babylone.

Les extraits d’entretiens sont en anglais et patois jamaïcain.