Zeinab l’Égyptienne

1798. L’expédition menée par Napoléon arrive aux portes du Caire, provoquant la fuite des autorités turques. L’agitation et la désorganisation gagnent une ville qui vit, par la suite, une rencontre déstabilisante avec les mœurs occidentales. Qui assiste, avec effarement dans un premier temps, aux comportements, étonnamment libres, des femmes européennes qui dansent au plus près des hommes, évoluent têtes nues dans les rues, acceptent les marques de courtoisie et de déférence de ceux qui devraient les gouverner. Un spectacle que la jeune Zeinab, beauté de la cité, fille du notable El Baqli, condamne initialement, avant de se laisser gagner, à son tour, par la perspective d’une émancipation.
Signée par Mohammad Abou El Ela El Salmouni, figure de proue du théâtre égyptien contemporain, cette œuvre s’affirme, au-delà de la légèreté et du marivaudage de ses premières scènes, comme une méditation sur les incompréhensions entre Orient et Occident, mais surtout sur la position sociale et le désir d’autonomie de la femme égyptienne. Personnage central de cette pièce, Zeinab, tour à tour archétype de la femme qui a intériorisé les mœurs accablantes et amante d’un Commandant qui la révèle à sa propre dignité, synthétise ainsi les réflexes de défense, les craintes, puis les audaces et la destinée tragique d’une communauté féminine encore bafouée et maintenue dans des conditions étouffantes.