" Au sommet des frondaisons, le croassement railleur d'une corneille, il ne lui en tient pas rigueur. Vu de là-haut, il doit faire pitié ; ou plus vraisemblablement puer le ridicule cet oisillon quittant le nid familial sans vraiment le quitter, hésitant à s'envoler malgré le danger, préférant le fielleux confort à l'imprévisible liberté. Ernest fait une promesse à l'oiseau de bon augure. - Un jour, je partirai. La corneille a-t-elle deviné que ce roublard ment comme il respire ? Un nouveau cercle au-dessus de sa tête, elle exige légitimement des précisions. - Quand, comment, où ? Ernest ne peut répondre au questionnaire très précis de la vigie aérienne. La rentrée scolaire approche, le dos rond d'ici là pour donner le change, et dès septembre, ouste, il désertera cette maison maudite. - Partir, partir, partir. " Du libre arbitre ou des circonstances, qu'est-ce qui détermine notre cheminement dans l'existence ? D'autant plus quand il est question de fuir son milieu, ses origines, ses parents ? Partir, mais où ? Et entre quelles mains s'en remettre ? À quel moment nos désirs de liberté nous échappent-ils pour nous entraîner sur des chemins chaotiques ? Autant de questionnements qui se posent à travers la figure d'Ernest qui, de Meudon à l'Algérie colonisée, de la haute bourgeoisie à la quasi-clandestinité, se cherche, se perd, espère et s'épuise dans une quête de soi menée dans un mélange de rudesse et de tendresse par J. Admont-Dauvergne.