" Aujourd'hui, il serait plus facile de dire que je ne m'en souviens qu'à peine, à travers le brouillard de ma mémoire qui s'épaissit avec les années, mais il n'en est rien. Je revois tout, je revis tout, à en chialer ; surtout les détails insignifiants du contexte, des insultes, des gestes et paroles, les terribles regards assassins de mon père. Les tentatives pour m'ôter de sa vue en m'ôtant la vie sont comme une sorte de chantage pour m'humilier, me terroriser ; cette fois-ci, il s'en est fallu de peu. Mais dans ma tête, je n'en pouvais plus, je ne sais pourquoi, une force intérieure m'animait, me poussait à m'enfuir, partir loin. De toute façon, me recroqueviller au sol et faire le dos rond n'avait jamais arrêté ses coups ; alors aujourd'hui, je m'en moquais, je me laissais faire, et je crois que je n'en avais même plus conscience, comme dédoublée de mon vrai moi. " Certaines enfances ont un goût plus amer que sucré, laissent en soi des blessures qui ne cicatrisent pas... et que seule l'écriture peut exorciser ou dénoncer. C'est le cas de L. Dalier Pahaut qui revisite ici ses jeunes années passées dans la peur du père, dans les humiliations et la violence exercées par lui. Loin de tout pathos, l'auteur raconte ainsi ce quotidien-là, vécu dans une crainte perpétuelle, ainsi que les épisodes de rage marquants... Toutefois, peu à peu, s'exprime la sourde volonté de s'en sortir, de s'évader et de construire, patiemment et envers et contre tout, son bonheur avec les siens. Qu'importent les épreuves et le temps que cela prendra... De l'ombre à la lumière, un témoignage inspirant !