Lucie est une femme à qui la vie n'a pas fait de cadeau. A soixante ans passés, c'est l'heure du bilan, de la douloureuse rétrospective. Douloureuse, certes, mais néanmoins nécessaire, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi cette gamine " ne souriait jamais quand elle avait cinq ans ". Car à cinq ans, la seule préoccupation de cette enfant abandonnée à sa tante, se résumait en une question, terriblement récurrente : " Tata, qu'est-ce qu'elle fait Maman à cette heure-ci ? " Mais Lucie ne peut, ne veut écrire sa propre vie. Alors, c'est Marie Chevalier, son amie, qui s'attèle à cette lourde tâche qui est de témoigner de la dure construction d'une femme forte, afin de donner un exemple, une preuve qu'il n'y a pas de fatalité. Marie Chevalier a cette façon d'écrire simplement, fidèlement, sans artifice. Comme une grand-mère commenterait un album photos retraçant toute sa vie. De façon émouvante, parfois éprouvante. Et on les imagine si bien, ces deux femmes, l'une racontant, l'autre annotant. La première bien installée, le regard lointain, la voix troublée par l'invasion des souvenirs ; l'autre studieuse, investie d'une mission, tellement à l'écoute. Un profond respect. Une véritable empathie. Et beaucoup d'émotions.