Pierre Mendès France est, après le général De Gaulle, l'homme qui a laissé l'empreinte la plus profonde sur la vie politique française du XXè siècle. Son originalité consistait à dire la vérité, même au péril de sa carrière. Nommé ministre de l'Économie du gouvernement provisoire par De Gaulle en 1943, il démissionna en avril 1945, la politique inflationniste choisie par le Général lui paraissant un frein pour le redressement. De même dès 1950 il dénonça l'impasse de la guerre d'Indochine. Son gouvernement de 1954-1955 séduisit par son dynamisme : la paix en Indochine obtenue en un mois, la première expérience de décolonisation paisible en Tunisie, la solution de la crise européenne en encadrant le réarmement allemand et une politique économique posant les bases d'une expansion durable sans inflation. À partir de 1958, malgré l'admiration qu'il portait à De Gaulle, il resta dans une opposition constante, jugeant le nouveau régime peu démocratique. Certaines de ses décisions intriguèrent l'opinion : était-il de droite ou de gauche ? Michel Beck, spécialiste des problèmes de commerce international, répond à cette question en s'intéressant à ses orientations économiques, dans un langage accessible à tous. Il montre que ses choix étaient constamment dictés par le souci d'éviter les crises économiques et de juguler ce cancer qui les suit : le chômage. Fruit d'un long travail de recherche basé sur des sources variées, pour certaines inédites, le résultat est une biographie passionnante, portrait nuancé d'un esprit libre dont les leçons sont encore utiles aujourd'hui et pour demain.