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À quelle cause lier la massive émigration haïtienne ? Faut-il la circonscrire à des facteurs économiques (l’on est pauvre, donc on part vivre ailleurs) ? Ou faut-il en chercher aussi les racines dans une histoire marquée, depuis l’indépendance, par le chaos politique, la spoliation des grandes puissances, le quasi-racket, la violence, et un abysse entre l’État et le peuple ? Très certainement faut-il toujours croiser ces deux perspectives pour comprendre les motifs qui ont poussé et poussent des milliers d’hommes et de femmes à s’expatrier, avec les risques que cela comporte, avec les conditions de vie souvent dramatiques qui les attendent à l’étranger. Ce que propose Romain Cruse au cours de cet essai qui va au-delà des discours lisses en soulevant les questions de la représentation de son pays par le migrant haïtien, de la condition – souvent intolérable – des membres de la « nasyon mawon », des responsabilités des politiques nationaux et étrangers – trop souvent hypocrites et manipulateurs –, pour expliquer l’importance d’une diaspora qui parvient, tout de même et à distance, à maintenir Haïti et ceux restés au pays à fleur d’eau.
Au cours de cette étude choc sur l’émigration haïtienne, sur ses sources et sur l’existence réservée aux migrants, Romain Cruse souligne avec force le sort réservé à des Haïtiens toujours soumis aux conflits, aux enjeux géopolitiques, à une mainmise à peine voilée de la part des grandes puissances, mais encore aux paradoxes de pays d’accueil qui acceptent de les recevoir en raison de la main-d’œuvre peu onéreuse qu’ils constituent, tout en les stigmatisant et en les désignant comme parfait boucs émissaires. Une analyse nécessairement dérangeante, qui renverse toutes les illusions de l’Occident européen et américain et qui a valeur de plaidoyer !
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