À la différence des mouvements djihadistes classiques, et dans la continuité des groupes terroristes à orientation califatiste, Boko Haram a inscrit l'enjeu territorial au cur de son insurrection armée. Profitant d'une projection insuffisante des États de la sous-région, ce groupe terroriste est parvenu, au mépris de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, à se constituer comme un quasi-état, le Bokostan. La réimposition de l'autorité de l'État dans ces territoires conquis par l'organisation terroriste a débouché sur une guerre hybride. Dans cet ouvrage de stratégie appliquée, l'auteur montre que l'hypothèse d'une guerre hybride dans le bassin du lac Tchad reste plausible. Les techniques guerrières s'exportent, se diffusent et se reproduisent au gré des flux migratoires et de l'internationalisation du terrorisme. En fonction de leurs ressources (matérielles ou immatérielles), de leurs options politiques ou idéologiques, des choix stratégiques, des constructions objectivées de l'ennemi, et surtout des représentations intersubjectives, le Cameroun et le Bokostan ont inscrit, simultanément et parfois successivement, leurs stratégies guerrières dans le registre de la symétrie et de l'asymétrie.