Que savait-on des cancers et du cancer primitif du foie (CPF) en Europe, en Amérique et surtout en Afrique des années 1850 aux années 1980 ? L'historien nous invite à le suivre dans ses recherches, pas à pas comme dans un labyrinthe. En partant d'un constat, l'impact des préjugés, tel que " le cancer est une maladie de la civilisation ", " le cancer est très rare chez les Noirs vivant en Afrique à l'état sauvage... ", " le cancer est devenu fréquent chez les Noirs en Amérique, depuis qu'ils ont adopté les manières de vivre des blancs... ", " Il n'existe pas d'immunité de race. Le Nègre est apte à la cancérisation, mais il y est très rarement frappé quand il vit à l'état sauvage " ; il n'y pas de cancer chez les Juifs et les Musulmans d'Algérie, chez les Arabes de Tunisie, chez les Fellahs d'Egypte ; il y a des localités, des maisons, des rues et des quartiers à cancer. Abondance de magnésium rareté de cancer, pénurie de magnésium fréquence de cancer, etc. Jean-Paul Bado déconstruit ces " vérités " bien ancrées dans les mentalités et analyse l'évolution de la sémantique médicale : d'abord immunité des exotiques, ensuite immunité relative, enfin fréquence relative et fréquence commune face au cancer. Dans cette déconstruction, il relève la référence à l'espérance de vie et aux pyramides des âges longtemps utilisée pour nier la présence du cancer. A travers l'étude du CPF présent en Afrique, en Europe, en Asie et des îles de l'Océan Pacifique, Jean-Paul Bado dévoile l'histoire des aflatoxines responsables de problèmes agroalimentaires animaux impactant la santé publique humaine, et celle de la fabrication dans les années 1980 du vaccin contre l'hépatite B. Cet ouvrage se termine par une note d'espoir : l'essor des campagnes de dépistage de divers types de cancers - sein, col de l'utérus, estomac - dans beaucoup de pays africains.