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En plein cœur de la forêt amazonienne, le tumulte dévastateur de la civilisation rugit et gronde ; quelque part dans une province de la France pétainiste, les rafles de la Gestapo traquent et guettent, sous le regard complice de la délation, les étoiles brassardées ; aux Amériques dès la fin du sixième siècle, la colonisation espagnole, en proie à une avidité démoniaque d’omnipotence, massacre les Incas ; en Chine, la population se meurt sous les affres et supplices dictatoriaux d’un autoritarisme impuni et inhumain ; en bordure du Mékong, les mines antipersonnelles tapies, dissimulées et muettes jaillissent et mutilent, explosant la chair de leur tintement meurtrier ; le 26 décembre 2004, les vagues se déchaînent sur la Thaïlande, ramenant à l’atroce réalité ces touristes vils et pervers venus acheter en toute légalité l’assouvissement de leurs frustrations…
Est-il un lieu, un moment, où l’histoire ne s’est écrite par l’inhumanité froide et désincarnée de ce que l’on nomme civilisation ? Si devoir de mémoire il y a, quand la conscience s’éveillera-t-elle à la monstruosité ?
« Huit nouvelles » mettant en scène des images insoutenables d’atrocité, de cruauté et de barbarie. Images dont on souffre la vue, récits face auxquels l’on préfèrerait se faire sourd, et pourtant moments véritables et réels, s’inscrivant dans une histoire collective mortifère et coupable, écrite d’une plume ensanglantée, stigmate de cette culpabilité toute humaine. Inutile de porter un jugement, de moraliser, la simple énonciation des faits heurte notre conscience propre et amnésique. Ce ne sont pas que des mots gribouillés et transmis tel un savoir mort et désuet : ce dont il s’agit, c’est de la vie elle-même. Michèle Sully dérange, éclaire et provoque ce que l’on a trop souvent tendance à occulter, fuir honteusement et avec déni : cette face cachée de notre humanité qui n’est que monstruosité.
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