" Ouvre les yeux ? Mais qu'ont-ils, mes yeux ? Je sens une de mes paupières trembloter, puis l'autre, et, dans ces petits éclairs, j'aperçois trois ou quatre paires d'yeux qui me fixent. Je referme les miens. Ils me font peur. Qui s'empare de ma main ? Qui m'appelle ? Mes parents ont disparu. J'entrevois des yeux énormes, tellement ils sont près de moi, comme si des gros poissons étaient collés contre un hublot. Qui me caresse la joue ? Qui m'embrasse ? Que me veulent-ils ? Mes yeux s'ouvrent tout doucement, au grand soulagement de cette petite troupe anxieuse. " Après " Mon amour, ma déchirure ", Suzanne Hilaire s'est remise à écrire, non plus une histoire en continu, mais en piochant dans des faits qui ont laissé des traces dans sa vie. Chaque épisode se " suffit à lui-même ", et son esprit cartésien de mathématicienne est pour une bonne part responsable de ce choix d'écriture. Rappelez-vous les livres pour enfants, contenant dix ou vingt contes, un pour chaque soir, que la maman lit à son enfant... Faites de même avec ce livre : savourez une histoire à la fois, imprégnez-vous de son humour, ou méditez sur sa tristesse. Un recueil doux-amer où l'amour, sa lumière ou son spectre viennent nous bercer avec mélancolie.