"Après avoir mis en place le phare droit de sa voiture qu'il avait accroché dans le coffre, Achille retourna au commissariat où Elvige Vétrouvet l'informa de ses investigations que la machine voulait lui donner les rares fois où elle fonctionnait. Informations dont nous ne parlerons pas ici, puisqu'elles n'ont strictement rien à voir avec notre affaire. Puis il reçut les voisins d'Erica Davre de la rue Dimentaire ; Élie Censier et mademoiselle Nathalie Moger qui vivaient ensemble. Ils confirmèrent qu'elle était toute seule, son compagnon étant rarement présent. - Je ne l'avais jamais vue une flèche plantée dans le dos ! dit Élie Censier, ce qui ne surprit absolument pas Achille. - Ça ne devait pas être pratique, rajouta Nathalie Moger. - Et on se demande bien à quoi ça pouvait lui servir! - En tout cas pas à faire les courses, ni la cuisine! - Peut-être à tricoter." Nous sommes ici en présence d'un objet littéraire rare : un récit à la fois comique et satirique où l'auteur ne se prend pas une seconde au sérieux. Le but de cette histoire de meurtre loufoque est clairement de faire rire le lecteur, et on parcourt le texte avec le même sourire permanent aux lèvres que celui qu'avait l'auteur en l'écrivant. Ce dernier jongle avec les quiproquos et les situations improbables, mais avant tout avec les mots et les noms, situant le récit dans un cadre spacio-temporel inventif et allégorique. Les habitants de Taudis-sur-Rivière, dans le Patenkeça, ont ainsi des noms aussi évocateurs que Vincent Timaitre ou Phil Atture, et la police locale est une joyeuse bande de bras cassés. Un délice de légèreté et d'humour, à consommer sans modération.