En cette époque des objets connectés, en cette ère des êtres en réseaux, voire en rhizomes, le cadre épistémologique des sciences demeure pourtant dichotomique malgré un discours qui, sur le plan de la politique scientifique, réclame le développement de l'interdisciplinarité. Pour apporter une contribution à ce débat, Anthropologie et philosophie du sensible a pour ambition - à partir d'une histoire de la pensée allant de Spinoza à Damasio en passant par Vico, Cassirer, Mauss, Bataille, Bastide et Laplantine - de montrer que corps et âme, matière et esprit, sensibilité et intelligibilité, anthropologie et philosophie relèvent toujours d'un même être et/ou d'un même exister. La compréhension et l'acceptation de cette métaphysique plurielle mais unitaire qui refuse la séparation des êtres en leur parcellarisation et reconnaît en revanche leur existence nécessairement conciliante est une ouverture vers un "anthropos", à son tour, nécessairement un et pluriel dont la forme universelle et éthique se dit en termes d'"humanitas".