La justice peut-elle avoir un sens lorsque les inégalités sociales sont banalisées ? C'est cette question qui sous-tend l'engagement philosophique de Rawls. Son projet philosophique consiste à épurer l'utilitarisme (qui a dominé le monde anglo-saxon jusqu'au milieu du XXe siècle) de ses effets pervers en imaginant une doctrine alternative susceptible de le supplanter et de concilier " libéralisme " et " justice sociale ". Son but est de redonner un sens à la justice pour promouvoir l'égalité telle que pensée par les modernes dans les démocraties occidentales où les valeurs du marché libre sont de plus en plus polluées par l'accroissement des inégalités sociales. Contre l'égalitarisme, Rawls construit son argument autour d'un concept : celui d'" inégalités justes " qui résume sa thèse et qui constitue le socle de sa théorie de la justice. Pour Musa Nabirire, ce concept suscite quelques questions : est-il pensable que les inégalités soient justes ? N'est-il pas un oxymore ? Comment intervient-il dans la théorie rawlsienne de justice ? Est-il possible d'envisager son application dans la société concrète ? Étudiant les principes rawlsiens de justice et y dégageant une solution ultime permettant de concilier " égalité sociale " et " méritocratie ", l'auteur questionne les critiques de Rawls et ouvre des pistes de réflexion sur la portée éthique de sa pensée et sur sa conception politique de la justice dans les sociétés démocratiques contemporaines.