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Comment ne pas entendre résonner ici la phrase liminaire du célèbre Cahier d’un retour au pays natal, tel un hommage implicite rendu à Aimé Césaire, le premier à dénoncer les visions idylliques des paysages antillais comme autant de masques trompeurs destinés à cacher les ravages de la colonisation et de l’Histoire ? En 1939, les images occidentales et doudouistes paradisiaques éclataient alors avec violence sous sa plume révoltée. Et le monde découvrait alors « au bout du petit matin bourgeonnant d’anses frêles les Antilles qui ont faim, les Antilles grêlées de petite vérole, les Antilles dynamitées d’alcool, échouées dans la boue de cette baie, dans la poussière de cette ville sinistrement échouées ». Soixante ans plus tard, les Antilles, devenues départements français, ont ouvert leurs portes à la déferlante de la civilisation et des technologies modernes. Cependant, à l’orée du poème d’Éric Mansfield, un chant semble à nouveau s’élever. Comme si rien n’avait vraiment changé ; ou plutôt, comme si les changements n’avaient fait qu’aggraver l’état du pays.
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