Dans un hôpital français des bords de l'Yonne, dans le courant des années 60... Dans la salle du service de médecine se côtoient cardiaques, hémiplégiques, pneumoniques, mais aussi tous ces hommes que leur vie, fracassée, a portés jusqu'ici. Des êtres abîmés, comme Roger qui, par-delà son statut de malade et de clochard rescapé, a fait sa place entre patients et équipe médicale, qui met ses anciens bras de boxeur au service des membres de l'hospice. Qui tait aussi son passé et les vicissitudes qui l'ont amené là. Attaché à des lieux qu'on ne demande souvent qu'à quitter, Roger se liera encore un peu plus à Émile, déplacé dans son service... Émile, seize ans, leucémique, déjà condamné... Sans déferlement pathétique, mais avec cette discrétion qui sait faire mouche, Un vieil hosto, années 60 dit l'une de ces amitiés curieuses qui s'emparent brusquement de vous, qui s'inscrivent presque dans votre chair en dépit de leur incongruité. Focalisé sur Roger, homme échoué, et Émile, adolescent sur le point de s'éteindre, le roman de Michèle Dubois touche à cet aspect quasi miraculeux de ces liens salvateurs qui se tissent au-dessus des abîmes de souffrance... tout en faisant de l'hôpital, ses murs, son personnel, ses résidents, le théâtre inédit d'une histoire vraie, où la rudesse des mots dissimule à peine les sentiments contenus.