Le présent ouvrage fait le pari de délinéer une part de l'anthropologie de ces deux villes voisines que sont Dixie et Dorval et leur île respective. Un road movie à travers les yeux de Màire, une jeune femme un jour en exil d'elle-même, parce qu'elle n'a guère choisi le lieu de sa présence au monde. Même si elle met le cap sur l'entier bénéfice d'une bonne fortune, qu'elle sait prélever à la pointe de son Dasein, dans chacune de ses paroles, chacun de ses gestes. Le Dasein de Màire, comme une méthode, un sauf-conduit qui la met au défi de composer cette légitimité, qui n'est rien d'autre qu'un alibi et ses ancrages dans la psyché, condition de toute expression de soi, de toute vanité, de toute repaisance. Ces villes de Dixie et Dorval lui donnent carte blanche en géopoésie, pour une lecture de palimpsestes, dédouanés de leurs gangues des siècles et de leurs schémas ataviques. Màire pourra saisir ainsi les motifs du fleuve Saint-Laurent de venir s'épancher tout au long de son sentier. Pendant que s'embusquent les meilleurs assouvissements de sa pensée intime, le vent tourne sur toute l'étendue du lac Saint-Louis. Tout en haut des rivages, les oiseaux de mer dessinent le nuage de leurs ailes apprivoisées. Leurs chorégraphies viennent toucher la voile des planchistes que l'oeil des promeneurs insouciants inscrit aussitôt dans l'expérience. Les éléments convoqués, et les sens. L'esprit des lieux est sylphide, nymphe et fée, des écoliers fureteurs dans l'herbe des pistes les débusquent en courant et les font s'élever dans la rumeur.