"Il y a des violons juifs qui pleurent dans le ghetto et leurs notes suintent le sang qui a déjà coulé avec les enfants que l'on emmène agonisants sur des charrettes à cause du typhus. Je me demande si les notes portées par le vent s'entendaient de l'autre côté du mur. Joseph ne sait pas écrire. Il me transmet des mots. Il dit "il n'y a plus que les mots". Il ne reste rien. Des corps tant aimés passés dans les fourneaux, il ne reste que le souvenir transmis par les mots. J'ai attendu d'avoir un combat à mener pour me souvenir de Joseph et du soupirail. Il avait quitté ma mémoire... Il est revenu avec le cauchemar du train, celui de mon enfance, ce train qui me faisait si peur... et qui emmenait à la mort."