À partir de la vie de son grand-père paternel et des trente premières années de la vie de son père, l'auteur a mis en scène son personnage central, Pierre Dutailloux, qui vit disparaître la figure tutélaire du père, Louis, passementier veloutier, qui s'était engagé derrière Aristide Briand pour le faire élire député de la Loire. Briand fut élu, mais le militant que fut Louis Dutailloux paya cet engagement de sa vie, et sa famille dut en subir durement les conséquences. Louis était allé de Saint-Étienne à Guingamp pour cause de service militaire, puis il reprit le chemin inverse, la diagonale d'Aristide qui, lui, de Nantes jusqu'à Saint-Etienne, alla se faire élire député de la Loire, en 1902. Pierre va vivre le déracinement, avec le repli vers la Bretagne, terre natale de sa mère, puis l'installation à Paris, à l'aube de la première guerre, enfin le retour chaotique à Saint-Étienne, sa ville natale, dans des conditions de vie très difficiles, souvent proches de la misère. Et, en toile de fond la carrière d'Aristide Briand, cet inconnu si lointain et maudit puis si proche et vénéré. Pierre apprend la vie, la condition ouvrière, les premières grèves dans un environnement familial violent et passe de la détestation rancunière à l'admiration nostalgique pour Aristide.