C'était une de ces dernières belles journées de septembre. L'été commençait à lâcher prise, tentant de s'accrocher au moindre soupçon de douceur, à la plus infime parcelle de ciel bleu.Je roulais depuis une bonne heure quand je l'aperçus au détour du dernier lacet que la route esquissait avant le domaine. Recouverte de vigne vierge, rousse déjà, elle semblait vouloir se dissimuler aux regards indiscrets, au poids du passé. La maison de mon père. En descendant de voiture pour ouvrir le portail, les odeurs de mon enfance m'emplirent d'une étouffante mélancolie. Je me mis en pilote automatique pour tenir le coup. Seule l'indifférence pouvait me permettre d'avancer.