Amplifiée par son aveuglement au parti et sa rage de se faire une place dans la société de Morales, la passion d'Escorbal devait devenir criminelle. En effet, lui, le professeur d'université besogneux et zélé, ne supporta pas de se voir doucement mais fermement refuser la main de Luisa. Pire, la jeune femme sembla même se ranger à l'opinion de ses notables de parents et vouloir temporiser leur union. Meurtri dans son ego, l'éconduit tua donc la jeune femme et échoua en prison. Dans une cellule obscure avec, pour compagnons, deux hommes, Ramos et Pedro. Deux révolutionnaires dont l'un portera à jamais les stigmates des tortures infligées. Deux êtres opposés à ses convictions les plus intimes, deux ennemis presque, auprès desquels il va apprendre la compassion... avant de voir sa nature, viciée et ténébreuse, reprendre le dessus. Maître d'oeuvre de ces " Liaisons Toxiques ", Jean-François Mollere fait de son lecteur sa marionnette. Avec talent, il joue avec notre mutuelle confiance en nos semblables, avant de révéler les faces hideuses de l'humanité. Pessimiste, situant son héros, ambigu, au sein d'un monde politique et carcéral où les coups bas et les machinations sont souverains, ce récit époustouflant et cynique, constitue une petite pépite de noirceur.