Si la linguistique dite de corpus s'est toujours positionnée comme la discipline pilote en matière d'une théorisation des questions liées aux données ; si elle a toujours admis, à côté d'autres disciplines des sciences sociales elles-mêmes, la rentabilité et la transversalité des problèmes de corputialité, force est de constater que la notion de corpus en soi peine à s'émanciper au-delà de la linguistique, d'une part, et, de la numéricité, d'autre part, alors même que tout appelle à son éclatement total à toutes disciplines des sciences ayant peu ou prou affaire à l'observable, quelle que soit la nature de cet observable. Les articles présentés dans ce livre abordent les corpus à la souche d'un questionnement intégral de leurs éventuels ordres de taxon. Ils posent sur la table une question cruciale des corpus dans nos disciplines des sciences sociales : le problème de leur hétérogénéité ou, si l'on veut, de l'incompatibilité présumée de certaines de leurs associations sur la base de catégorisations attenantes à leur nature, à leur mode de traitement, à leur origine, à leur mode d'émergence, à leur contexte d'extraction, aux disciplines dont elles sont les objets reconnus, etc. De telles considérations épistémologiques contestent souvent les bornes qui matérialisent les limites disciplinaires implantées sur le terrain des connaissances ayant pour objet l'humain. Tel a été l'esprit de la journée d'étude du 12 avril 2019 qui a réussi à (ré)concilier, sur une même plage heuristique, nombreux de ceux qui abordent l'observable : (socio)linguistes, littéraires, sociologues, psychologues, archéologues, cinématologues, chercheurs en études culturelles, spécialistes des sciences de l'information et de la communication, mathématiciens et chimistes même !