L'oeuvre d'une renaissance de l'ordre international s'incarne dans une démarche heuristique comme cadre de formulation idéelle et dans le politique, instance de praxis. D'une part, les systèmes westphalien, bipolaire, unipolaire et multipolaire dévoilent la différenciation, une vision clivée et antagoniste. La déconstruction des schèmes de cet ordre impose une révision de l'épistémè. Repenser de nouvelles matrices d'interprétation de la réalité à partir de la " postpolarité " comprise comme principe de dépolarisation institue de nouveaux rapports politiques. D'autre part, l'ascension des puissances émergentes telles la Chine, la Russie, l'Inde et l'Amérique latine ne peut s'inscrire dans la pérennité qu'en cas de rejet de la solitude stratégique et de production d'un projet de société mondial alternatif devant aboutir à une désoccidentalisation de la planète. L'édification d'une Europe-puissance et sa volonté de transcender l'hégémon américain ne sont susceptibles de s'opérer que dans une dynamique de démarcation de l'Europe signant son autonomie stratégique à l'égard des États-Unis. En revanche, le nouvel ordre ne peut s'effectuer avec l'Amérique à la marge du monde. Elle devrait donc consentir à repenser l'universalité. L'Afrique, quant à elle, devrait délivrer une autre Weltanschauung à l'humanité, façonnée par une axiologie nouvelle. À partir d'une analyse philosophique et internationaliste pertinente et solide, l'auteure déduit que l'enjeu majeur de ces néo-puissances repose sur la création d'un alter-monde ancré sur un ethos et un telos intégrateurs, capables de présider à la fabrique d'un ordre mondial plus équitable.