" À cause de cette satanée faïence, je perdis presque instantanément tous mes repères dans le couloir infernal. Les bras tendus comme le Christ sur sa croix, je dus prendre appui sur chacun des deux murs pour lutter contre cette inévitable sensation de roulis qui m'envahissait. J'avançai péniblement en faisant glisser mes mains sur les carreaux glacés. Un instant, j'eus le sentiment de basculer pour de bon, voire de partir pour un tonneau complet. Passager impuissant d'un avion en plein meeting de voltige. Ma tête tournait et mes quatre membres devenaient de plus en plus lourds, comme submergés par les accélérations d'une trajectoire impossible. Je voulais absolument m'extraire de ce conduit, atteindre les quelques marches en bois qui me ramèneraient inévitablement à la réalité. Je réussis, au terme d'un effort surhumain, et dans un temps impossible à estimer. " En cinq nouvelles, Stéphane Marquier propose autant de variations sur les thèmes du fantasme et de ces présences qui nous accompagnent, secrètement, pour toute une vie ou seulement quelques instants. Des récits oniriques où le réel et le quotidien se lézardent étrangement, où des basculements proches du fantastique créent, autour des voix narratives, des atmosphères fascinantes.