" Elle veut être seule pour souffrir, mais elle est effrayée par ce qui l'attend. Les autres mères du camp l'ont prévenue, sans adoucir leurs propos, au contraire... Pour faire preuve d'héroïsme, de courage, sans doute, comme on raconte une bataille gagnée. Elle attend Tania la vieille, celle qui assiste les femmes en couches, celle qui soigne et sait prononcer les paroles apaisantes. Kambi jette un coup d'oeil par la fenêtre entrouverte. Elle regarde les cyprès onduler doucement, elle entend des rires, des chants, des claquements de mains, des enfants qui se pour-suivent, des discussions. Comme elle les envie ! Qu'ils sont heureux, ceux-là, qui ne souffrent pas, insouciants, gais, bavards. Elle transpire. Ses longs cheveux noirs sont collés à ses tempes. Elle finit par hurler... " "La vie se termine en queue de poisson... Paradoxalement, pour moi, la vie grouille dans les cimetières. Je le ressens ainsi. Tous ces gens qui se pensaient si nécessaires, si importants, ont disparu. C'est la règle, personne n'y peut rien ! Tout passe : nos bonheurs, nos chagrins... tant mieux ! Certaines tombes m'ont intriguée : peu d'informations, vieillottes, originales, chargées ou sobres... J'ai tenté d'inventer quelques vies de leurs "habitant(e)s". " En guise d'hommage, l'auteur s'empare de l'inconnu pour réinventer des vies, nous offrant par là même une belle galerie de portraits qui, aussi fictifs soient-ils, frappent par leur justesse.