" Elle aussi l'attendait. Cela faisait un bon moment qu'elle cherchait du regard l'auteur de ce baiser dont le souvenir l'avait obsédée tous ces jours-ci. Elle n'en avait pas dormi, sans cesse réveillée par les images de ce rendez-vous qui, il fallait le reconnaître, avait bouleversé sa vie. Elle ne pensait pas que cela pouvait lui arriver. Elle avait déjà eu des relations mais toutes vouées à l'échec. Les jeunes gens qui avaient trouvé grâce auprès d'elle s'étaient montrés comme des enfants gâtés par une vie trop facile, un peu trop enclins à faire la fête. Ça manquait de sérieux tout ça. Alors qu'elle devinait cette qualité chez André. En plus il était beau garçon et... embrassait si bien. Quand elle le vit s'approcher, elle manqua défaillir. " Au début, il y a la passion, l'évidence. Très vite, le mariage, puis les enfants qui naissent... Pour autant, aussi fulgurant et puissant semble-t-il, l'amour n'est pas à l'abri des dommages du temps. Le temps qui lézarde, qui fissure, qui éloigne, puis qui sépare les êtres. C'est ce chemin qu'empruntent malgré eux Edwige et André qui, du coup de foudre à l'indifférence, des coups de canif dans le contrat aux grands drames, connaissent une relation amoureuse qui ne cesse de s'abîmer et se déliter. Sans jugement ou parti pris, toujours avec bienveillance, Pierre Bourgeat suit ses deux personnages sur les sentiers escarpés du couple et compose pour eux une complainte douce-amère.