"Pendant ce temps, la ville s'éveille. Indéchiffrable. Élastique. Éternelle. Avec la stupidité des gens, ou leur intelligence, atténuées, presque effacées, cachées. La ville comme couverture. Ici, on est sceptique. Ici, on ne croit pas dans la réalité, on n'éprouve pas de sentiments forts, d'émotions fortes, ni aucun désir fort. Pas de haine, pas d'ambition. Ici, c'est un excellent endroit pour se cacher, particulièrement doux, entre l'indifférence des gens et du fleuve. Un lieu idéal pour vivre et mourir seul, sans que cette solitude ne soit dramatique ni ennuyeuse ; d'ailleurs, ici, on ne perçoit jamais le danger... On y meurt sans s'en apercevoir. Ville fantôme, ville imaginaire, somnambule, favorisant de grandes et calmes hallucinations. Une personne pourrait y feindre d'être folle et y vivre une vie cachée, marginale, et succomber sous le poids de fautes très anciennes, ancestrales." La Rome antique, l'Occident moderne. Deux époques, deux mondes. Une même décadence. Babilus conte " la solitude. La nostalgie des valeurs, aujourd'hui flétries dans un monde avide et corrompu ". Avec l'élégance d'un opéra, Gianni Fasciani convoque les voix d'antan et compose un chant funèbre empreint de nostalgie. Peuplé de figures déchirées entre hier et aujourd'hui, hanté par des fantômes et des regrets, son requiem dénonce la crise millénaire d'une société qui n'en finit plus de sombrer, recroquevillée dans son agonie culturelle. Acide et poétique, un voyage troublant au coeur des ruines.