De nos jours, l'identité tient le devant de la scène. Objet de prédilection des recherches en sciences humaines, elle éclate plus largement à tout un chacun quand elle est liée à l'actualité, à certaines zones de conflit ou à la perpétration d'actes violents et xénophobes... Terme désignant notre moi, il est néanmoins, étymologiquement, lié à l'autre, à cet " idem " en lequel nous nous retrouvons. Apparaît ainsi l'une des premières lignes de tension d'une notion qui se construit de manière multiple, à la confluence et aux frontières de plusieurs champs. Indissolublement liée à un territoire géographique dans lequel elle s'ancre et trouve ses marques, incessamment construite au travers de notre évolution dans une société dont nous apprenons les codes, édifiée et enrichie par notre appartenance culturelle à la communauté, à sa langue et à ses rites, elle s'élabore de manière plurielle et constitue notre appui pour nous positionner face à un vivre toujours incertain et source d'angoisse. Une notion polysémique que René Misslin aborde et questionne depuis son expérience d'éthologue, renouvelant par là même les discours tenus et dévoilant de manière inédite les enjeux qu'elle recouvre. Parce qu'elle s'attache à un espace géographique et linguistique, parce qu'elle est le fruit de nos interactions avec l'extérieur et autrui, l'identité est question d'horizon et de marge... Un lieu paradoxal, toujours en mouvement, flottant, aux frontières insaisissables, générateur de conflits et de repli sur soi quand il est menacé. Un espace à la fois fertile et miné, que René Misslin place au coeur d'une réflexion née de son expérience de scientifique, mais qu'il teinte d'accents philosophiques qui en font un essai majeur sur l'une des problématiques incontournables de notre modernité et d'un monde en constant déplacement.