L'Histoire nous enseigne que la gnoséologie s'est constituée comme science autonome, distincte de la logique, de la psychologie et de la métaphysique seulement à partir des " temps modernes ", et singulièrement avec Descartes. Avec les Modernes, la connaissance est une activité intègre, autonome et complète en elle-même, et son objet premier est, non pas l'être, mais la connaissance elle-même. Connaître, c'est d'abord et avant tout être conscient de soi-même. Pendant l'Antiquité, la vérité de la connaissance est l'être et, à l'époque moderne, la vérité de la connaissance est la connaissance elle-même. Ce problème est à la fois un problème historique, structurel, méthodologique, moderne et postmoderne. Aujourd'hui, il y a plus d'opinions que de convictions. Ainsi, l'histoire du problème gnoséologique se divise en trois phases nettement tranchées : antique, moderne et postmoderne. Pendant la première, la vérité de la connaissance est l'être ; dans la deuxième, la vérité de la connaissance est le connaître en soi ; et dans la troisième, enfin, affirme-t-on, il n'y a pas de faits, mais uniquement des interprétations. Aussi, le roman d'amour entre la philosophie et la connaissance est passé à travers trois moments. D'abord, l'Antiquité et le passage de témoin entre le mythos et le logos, signant ainsi au passage la naissance de la philosophie de la nature. Puis, le passage de la philosophie de la nature à la science de la nature vers la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle. Enfin, sous l'impulsion de Kant d'abord, de Comte ensuite, le passage de la philosophie de la connaissance à l'épistémologie contemporaine au 19e siècle. Le problème de la connaissance est au fond le problème de la nature (caractéristiques, spécificité, origine et provenance à la fois), de la valeur et des limites de la connaissance humaine, puisqu'il s'agit d'établir la manière de porter un jugement de valeur sur les diverses formes de la connaissance humaine.